Mon message aux Français d'Asie-Océanie :
Ce message s'adresse aux Français de l'étranger possédant un patrimoine immobilier en France dont ils ont retiré des revenus fonciers ou d'éventuelles plus values lors d'une cession et qui ont été ainsi assujettis aux prélèvements sociaux (CSG/CRDS/PREL SOC-CONT ADD-PREL SOL) de 15,5 % au total sur leurs impôts des années 2012, 2013, 2014. Ce qui représente souvent de grosses sommes.
Chères et Chers Compatriotes,
Je vous avait fait part sans tarder de l'importante décision que venait de rendre le Conseil d'Etat le lundi 27 juillet 2015 en ce qui concerne les prélèvements sociaux (CSG/CRDS etc) sur les revenus fonciers ou les plus values attachés à un patrimoine immobilier en France (cf :
texte) . Il s'agissait d'une décision très attendue après celle qu'avait rendue la Cour de Justice de l'Union Européenne dont je vous avais également fait part "en direct" le 26 janvier 2015 (cf :
texte 2)
La plus haute juridiction de France venait de suivre point par point le raisonnement de la CJUE qui, en substance, arrivait à la conclusion que ces prélèvements sociaux n'avaient pas lieu d'être en vertu des réglements communautaires. Nous attendions donc avec impatience, après cette décision du Conseil d'Etat, la réaction du gouvernement, prévue en septembre, pour qu'il indique les modalités et le champ d'application du remboursement des sommes trop versées.
Comme prévu donc, le gouvernement vient de s'exprimer sur le sujet ce jeudi 24 septembre à l'occasion de la présentation du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2016. (Vous pouvez suivre la conférence de presse en images sur ce lien
video PLFSS, le passage qui nous intéresse se situe à la huitième minute.)
Voici ce qu'il faut en retenir :
1 - Pour l'avenir, le gouvernement décide de contourner, par une pirouette technique, la décision du Conseil d'Etat en projetant d'affecter désormais le produit de la recette de la CSG/CRDS non vers le régime général de sécurité sociale, comme jusque lors, mais vers le Fonds de Solidarité Vieillesse, organisme qui finance entre autres le minimum vieillesse, appelé désormais ASPA. Les arguments de la Cour de Justice Européenne repris par le Conseil d'Etat deviendraient ainsi, d'après lui, inopérants.
2 - Pour le passé, les sommes trop versées par les contribuables non résidents pour les années 2012, 2013, 2014 seront remboursées et majorées du taux d'intérêt légal mais uniquement pour les Français résidant dans l'Union Européenne. Le gouvernement précisera prochainement, pour ceux-ci, les règles de remboursement de ces cotisations sociales.
Pour les Français d'Asie-Océanie en particulier, il faut donc comprendre que :
1 - pour l'avenir, ils continueront à payer ces cotisations sociales sur leurs revenus fonciers et les plus values immobilières.
2 - pour le passé, ils ne sont pas éligibles à leur remboursement.
Telle est la volonté du gouvernement.
Pour les Français d'Asie-Océanie, la messe est-elle donc dite ?
Pas encore. La discussion qui va s'ouvrir au Parlement va être l'occasion du dépôt de nombreux amendements de l'opposition et de la majorité (qui pourtant, pour cette dernière, avait voté avec enthousiasme à l'été 2012 et tout juste élue la mise en place de cette cotisation) pour obtenir un alignement des Français résidant hors Europe sur le même dispositif de remboursement des trop versés. Le gouvernement qui ne veut certes pas renoncer à une manne annuelle estimée à plusieurs centaines de millions d'euros pourrait plier pour éviter un nouveau contentieux et de nouveaux recours auprès de la Cour Européenne et pourquoi pas la mise en place d'une "class action". Le précédent de l'alignement du taux d'impôts sur les plus values immobilières à 19 % pour les Français hors Europe (qui payaient 33 % avant) dont je vous avais fait part milite en effet pour que, tôt ou tard, le même alignement soit opéré pour le remboursement des trop versés en matière de cotisations.
S'il maintenait sa décision de distinguer les Français de l'UE et hors UE à l'issue des discussions parlementaires, le gouvernement s'engage de nouveau vers de nombreux recours.