Monsieur le Président de l'ADFE,
Je continue à être très étonné par votre démarche et celle de l'ADFE-Français du Monde, que vous représentez et ce, non sur la fond, car vous avez bien sûr le droit de défendre votre point de vue, mais plutôt sur la forme et ce à plus d'un titre :
1 - Tout d'abord parce que vous vous entêtez à oublier que les Français, et en particulier les français de l'étranger,se sont exprimés et ont fait leur choix en retenant avec une majorité nette et un taux de participation record le programme du candidat Sarkozy. Ceci à l'issue d'une campagne longue, très suivie et passionnée.Ce choix a été confirmé par une majorité absolue à l'Assemblée Nationale pour offrir au Président les moyens de mettre en application ce programme. On ne peut donc dire que celui-ci ait été fait à l'aveugle et que les électeurs se soient présentés devant les urnes les yeux bandés.
Votre formule est donc délicieuse quand vous dîtes dans votre courrier "Je ne suis pas certain qu'en encourageant le Président de la République à appliquer à la lettre une promesse" : il faudra bien s'habituer pourtant à ce que les promesses de campagne soient enfin mises en oeuvre sans qu'on ait même à en encourager l'application !
2 - Ensuite parce que la Commission des Affaires Culturelles et de l'Enseignement, consultée sur la mesure de gratuité scolaire au lycée dès la rentrée de septembre a remis à l'unanimité un avis favorable. Cette commission est pourtant composée de 12 membres du groupe ADFE à l'Assemblée des Français de l'Etranger pour la plupart, sinon pour tous, adhérents de l'ADFE Français du Monde. Je me perds donc à suivre la logique du groupe ADFE qui s'associe unanimement à un avis officiel et qui émet ensuite une position contestant cet avis !
3 - Enfin,la position que vous défendez désormais ne correspond pas à ce que proposait votre candidate Ségolène Royal dans son programme de campagne et que votre association et le groupe ADFE ont pourtant défendu farouchement : la candidate Royal proposait en effet de réduire (pour tous !)les frais de scolarité de 50 % en cinq ans. Il n'était pas question alors de discriminer les enfants français dont les parents ont les moyens de payer la note et ceux qui n'en ont pas les moyens ! D'ailleurs en France métropolitaine, l'école publique est gratuite pour le fils d'ouvrier ou de chômeur comme pour le fils de
PDG, pourquoi en serait-il autrement à l'étranger ? Votre groupe ne peut à la fois se battre pour que les français de l'étranger soient traités à l'égal de leurs congénères de l'hexagone (en témoigne par exemple le récent projet de loi du groupe socialiste sur l'augmentation du collège électoral pour les sénateurs des français établis hors de France) et considérer que la scolarisation à l'étranger doive obéir à d'autres principes qu'en Métropole.
Un rapide calcul montre d'ailleurs, qu'en supposant que 10 % de réduction ait été appliqué la première année et que la candidate ait appliqué son programme(!)que l'effort budgétaire aurait été voisin de 35 millions d'euros pas très éloignés de ce que coûtera la mesure "Sarkozy" de septembre.
Je dois donc vous dire,pour toutes ces raisons, que je ne retrouve pas mon fil dans votre position qui change au gré des évènements. Vous soutenez une mesure qui n'a été validée ni par les français de l'étranger ni par la commission de l'enseignement et qui ne correspond même pas à ce que vous défendiez lors de la campagne. Pour notre part, vous l'aurez compris,les choses sont bien plus simples : nous soutenons une mesure validée et conforme à des engagements, c'est là toute la différence !
Bien cordialement
Francis NIZET, Membre de la Commission des Affaires Culturelles et de l'Enseignement
En réponse au message de Monsieur Nicoullaud adressé aux Sénateurs qui ont écrit au Président pour que la gratuité soit appliquée.
Mesdames les Sénatrices et Messieurs les Sénateurs du groupe UFE,
j'ai lu avec beaucoup d'attention votre lettre du 14 juillet au Président de la République, par laquelle vous le priez de respecter intégralement sa promesse d'instaurer la gratuité pour les enfants français dans les classes de lycée de nos établissements français à l'étranger, et ceci dès la prochaine rentrée.
J'y ai aussi relevé l'accusation que vous portez contre les deux sénateurs du groupe ADFE de lancer une "démarche dictée par des opportunités de politique politicienne" en recommandant au Président de de la République de faire plutôt évoluer son engagement vers l'augmentation immédiate des crédits de bourse "couvrant l'ensemble de la scolarité, sans distinction de nationalité".
J'ai relu la lettre que Mme Cerisier ben Guiga et M.Yung ont adressée le 10 juillet au Président de la République. Ils recommandent en effet l'augmentation des crédits de bourses, mais je n'y ai rien trouvé qui laisse entendre que ces crédits devraient bénéficier aux enfants de toutes nationalités.J'y ai même trouvé le contraire, puisqu'ils écrivent : "Ainsi, l'accès des enfants de la classe moyenne au réseau de l'AEFE deviendrait-il enfin assuré. C'est en effet ce groupe de familles françaises, très majoritaire dans l'expatriation contemporaine, qui est le plus pénalisé."
S'ils évoquent un moment dans leur lettre les familles étrangères, c'est pour rappeler, ce qui est une évidence, que l'octroi de la gratuité aux enfants français, pour le seul fait qu'ils seraient français, poserait dans de nombreux pays de redoutables problèmes juridiques.
Je regrette profondément de vous voir présenter ainsi au Président de la République une lourde contre-vérité à des fins purement polémiques. Sur un sujet aussi important, lorsqu'il s'agit de convaincre le Chef de l'Etat, seule la recherche de l'intérêt bien compris des familles françaises devrait nous guider.
Je note d'ailleurs que le Sénateur de votre groupe qui a le plus investi sur les questions d'enseignement à l'étranger ne s'est pas porté signataire de votre lettre.Je relève enfin que les associations de parents d'élèves unanimes, ainsi que les syndicats d'enseignants ont rejoint sur cette question d'une aide accrue aux enfants français le point de vue de nos deux sénateurs et de l'ADFE.
Je ne suis pas certain qu'en encourageant le Président de la République à appliquer à la lettre une promesse qui, sous cette forme, soulèvera évidemment des troubles sérieux dans la communauté scolaire française à l'étranger, vous lui rendiez le meilleur des services.
La proposition qui émane de notre association est une proposition de bon sens. J'espère que vous pourrez encore vous y rallier.
Veuillez agréer, Mesdames les Sénatrices et Messieurs les Sénateurs, l'expression de ma haute considération,
françois nicoullaud
Président de l'ADFE Français du Monde