« Sud Ouest ». Où en est la promesse de 2007 de Nicolas Sarkozy d'instaurer la gratuité dans les lycées français à l'étranger ?
Anne-Marie Descôtes. La mesure a touché d'abord les terminales. Étendue aux élèves de première en 2008, elle concernait l'an dernier 4 350 élèves. Cette année, nous l'élargissons aux secondes. Elle bénéficie aussi aux binationaux.
Allez-vous continuer en direction du collège et du primaire ?
Pour l'instant, ce n'est pas décidé. Lors du débat budgétaire 2009, il a été prévu une étude d'impact.
Votre agence a-t-elle reçu à ce jour les moyens nécessaires ?
Oui. Le Quai d'Orsay a abondé notre budget de 5 millions d'euros en 2007, de 20 millions en 2008 et d'autant en 2009. Le ministère des Affaires étrangères, engagé dans une réforme en profondeur de son action à l'étranger, a reconnu l'efficacité de l'AEFE et son rôle comme outil du rayonnement culturel et linguistique de notre pays.
Dans un contexte budgétaire très difficile, ces crédits ont-ils été ponctionnés ailleurs ? Par exemple sur les bourses ?
Non. La gratuité et l'aide à la scolarité sont complémentaires. Le système des bourses sur critères sociaux continue d'exister et leur budget est en augmentation de 8,8 %. En 2007-2008, 19 625 élèves ont reçu une bourse (montant : 51 M?). L'an dernier, la mesure a bénéficié à 19 865 élèves (montant : 55,5 M?). Les moyens destinés aux familles aux revenus les plus modestes augmentent aussi. En revanche, les frais de scolarité ont continué à augmenter du fait du développement du réseau, de la nécessité d'agrandir et de rénover les lycées, d'améliorer l'offre pédagogique. Quant à leur fonctionnement, il a été abondé de 120 M? (transférés du budget du ministère de l'Éducation) pour couvrir en partie les charges nouvelles liées à l'emploi de professeurs titulaires.
La gratuité pour tous ne bénéficie-t-elle pas à des familles d'expatriés bien payés qui n'en avaient pas forcément besoin ?
Cette mesure n'obéit pas à un critère de plafonnement des revenus, car elle vise à compenser la charge liée à la scolarisation des Français expatriés. Et elle ne se substitue pas aux bourses destinées à aider les familles les plus modestes. J'ajoute que pour bénéficier de la gratuité, les familles doivent en faire la demande, et certaines, qui considèrent qu'elles n'en ont pas besoin, ne l'ont pas formulée.
Une certaine frustration s'exprime néanmoins au sujet des bourses.
La raison vient du fait que l'extension de la gratuité au lycée a créé une pression sur le système des bourses en incitant des parents, dont les enfants sont au collège ou au primaire, à faire des demandes qu'ils n'auraient pas faites auparavant. L'autre raison, c'est l'attractivité de notre enseignement à l'étranger.
Justement, comment va-t-il ?
Notre enseignement à l'étranger jouit d'une très bonne image. Sa qualité, son excellence sont reconnues.
À la rentrée dernière, les 243 établissements liés à l'AEFE ont accueilli 5 600 élèves supplémentaires. Ils scolarisent au total 174 000 élèves dans 130 pays. Parmi ces élèves, plus de la moitié est de nationalité étrangère (53 %).
Mais nos établissements évoluent dans un environnement très concurrentiel et d'autres systèmes éducatifs, notamment anglo-saxons, attirent des familles qui désirent offrir à leurs enfants une éducation de standard international.
Merci pour l'article
Rédigé par : Comparamutuelles | 28 février 2010 à 22:24
Merci pour cet article
Rédigé par : mutuelle | 28 septembre 2009 à 03:04