Retrouvé fortuitement avec Google, un article qui date du premier octobre 2007 et annonçant la mise en place de la mesure. Catherine Monin, la journaliste m'avait interviewé.
" Nicolas Sarkozy tient sa promesse : dès cette rentrée 2007, les élèves français de Terminales ne paient plus l'école. Une mesure qui concernera l'ensemble des élèves du secondaire d'ici à 2009 et qui fait écho aux attentes des Français de l´étranger, même si le camp socialiste conteste la manière dont elle sera appliquée.
Le premier pas vers l'école gratuite pour les Français de l'étranger est fait. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a officialisé le 3 septembre dernier à Paris, lors d'un discours devant la session plénière de l'Assemblée des Français de l'étranger (A.F.E), la gratuité de la scolarité des élèves de terminale, dès la rentrée 2007, au grand soulagement de parents lassés des multiples pétitions jusqu'alors sans résultat. En rappelant que «le Président de la République s'est engagé, lors de la campagne, sur la prise en charge par la collectivité nationale du coût des études pour les lycéens français», le ministre a donc annoncé le débloquement de 5 millions d'euros pour financer la rentrée 2007.
Certes, ce n'est pas l'ensemble du secondaire qui accèdera à la gratuité cette année comme l'avait envisagé Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle, mais un cap est tout de même franchi, puisque le ministre a précisé que «cette décision amorce un processus qui s'étendra au cours des deux années scolaires suivantes aux élèves de première, puis de seconde.»
L'accès à la gratuité sera donc graduel, certainement afin d'étaler sur trois ans un coût total qui s'élèvera à 65 millions d'euros. Un budget que l'Etat en déficit croissant peine à financer dans l'immédiat, d'autant plus que sur le territoire français, la mesure n'est pas toujours bien comprise. En effet, comme on peut le voir sur les blogs où les réactions sont vives, dans l'imaginaire de nombreux citoyens français, l'expatrié travaille au sein d'une grande entreprise qui bien souvent prend en charge les frais de scolarité des enfants de leurs salariés; il est par ailleurs doté d'un salaire bien au-dessus de la moyenne nationale et du niveau de vie du pays d'accueil. Enfin, ultime objection: ne payant pas d'impôts en France, il n'y aurait aucune raison de leur offrir un tel service, la collectivité dépensant déjà par ailleurs 340 millions d'euros par an pour le réseau scolaire de l'étranger.
En réalité, Francis Nizet, conseiller à l'A.F.E, estime la
proportion de Français expatriés par les grandes entreprises à moins de
7% du total des Français établis hors de France. La plupart sont
salariés de PME qui ne peuvent prendre en charge les frais de
scolarité. En outre, peu de Français s'imaginent que dans certain pays,
ces frais peuvent être extrêmement élevés, jusqu'à 17.000 dollars par
exemple pour une inscription au Lycée Français la Perouse de San
Fransisco.
Le débat a donc été virulent sur le fond, mais aussi sur la forme, puisque l'opposition socialiste ne préconisait non pas une gratuité sur un principe universel mais par la sélection, sur la base de critères sociaux (notamment en fonction des salaires), permettant de déterminer les Français réellement dans le besoin et de leur allouer un système de bourse. Les socialistes Richard Yung et Monique Cerisier-ben Guiga, sénateurs des Français établis hors de France, ont ainsi préconisé dans une lettre à Nicolas Sarkozy, l'affectation du budget prévu pour le financement de la gratuité du cycle secondaire «au budget des bourses de l'AEFE (Agence pour l'enseignement français à l'étranger), affectées elles-mêmes sur critères sociaux», afin d'assurer «l'accès des enfants de la classe moyenne au réseau de l'AEFE», ce groupe de familles françaises, très majoritaires dans l'expatriation contemporaine, étant «le plus pénalisé». Autre voix discordante, celle de l'ADFE (Association démocratique des Français à l'étranger) qui dénonce dans un communiqué une décision «limitée et injuste» dans la mesure où, selon ses membres, «sur les 80.000 élèves français scolarisés à l'étranger, seuls les 3330 élèves de terminale qui ne bénéficiaient pas de bourse connaîtront un défraiement du coût de leur scolarité». A ceci, Francis Nizet, qui ne s'est pas caché de soutenir le candidat UMP lors de sa campagne présidentielle, rétorque que «les élèves déjà boursiers pour motif social ne perdront rien au dispositif». Il assure ainsi que «la commission locale des bourses de septembre se tiendra comme prévue. Les deux dispositifs (bourses sociales et prise en charge) sont totalement distincts, le second venant se surajouter.»Précisons cependant que cette mesure ne concerne pas les parents dont les frais de scolarité sont pris en charge par leurs employeurs. Le candidat à la gratuité scolaire doit en effet justifier, dans un formulaire à remettre aux consulats, qu'il ne bénéficie pas de cet avantage. Or, cette distinction pourrait naturellement inciter les entreprises à ne plus accorder cet avantage à leurs employés, ce qui à long terme pourrait provoquer un gonflement du budget nécessaire au dispositif.
Toujours est-il que le droit à
l'école gratuite est un droit fondamental pour tout Français, inscrit
dans la Constitution de 1958, comme l'avait rappelé Nicolas Sarkozy
dans un courriel adressé aux Français de l'étranger lors de la campagne
présidentielle: «J'affirme qu'il n'est pas normal qu'un enfant français
soit exclu de notre système d'enseignement, soit pour des raisons
financières, soit pour des raisons géographiques.» Mais bien plus
qu'une pure application des droits fondamentaux, c'est tout un
patrimoine culturel et linguistique qui est en jeu: il s'agit de tout
faire pour encourager les étudiants français, souvent issus de couples
binationaux, à renforcer le lien qui les unit à la France, ce dont le
système enseignant se fait le relais. L'enjeu est bien réel puisqu'il
est urgent d'inverser la tendance actuelle: seulement un tiers des
quelque 250.000 enfants français immatriculés dans les consulats sont
scolarisés dans l'un des 430 établissements homologués du réseau
français. Ce taux est d'autant plus faible que ces établissements,
présents dans 130 pays, sont réputés pour leur enseignement d'élite: en
2006, un taux de 93% de réussite au bac à été enregistré pour les
lycées français de l'étranger, contre 81,9% sur le territoire. Autre
indicateur, le pourcentage de réussite à l'entrée des classes
préparatoires aux grandes écoles est quatre fois supérieur à celui des
lycées de France. L'incitation à suivre l'enseignement français à
l'étranger a aussi pour but de faciliter la réintégration du système
scolaire français, et notamment dans le supérieur, en cas de retour sur
le territoire, car sur 10.000 bacheliers français de l'étranger, ce
sont 48% (soit près de 5000 étudiants) qui poursuivent leurs études
dans le système universitaire français.
En outre, toujours dans la
même optique, Nicolas Sarkozy a demandé que soit établi un «plan de
développement» des lycées français à l'étranger, bien souvent saturés
et n'étant donc pas en mesure d'accueillir suffisamment d'étudiants
étrangers pour assurer le rayonnement francophone. Le gouvernement
promet un effort de 10 millions d'euros pour entreprendre la remise aux
normes des établissements les moins adaptés et la poursuite d'un
programme de constructions nouvelles.
Très attendu par les Français
de l'étranger, le processus de gratuité du secondaire est l'une des
premières retombées concrètes de l'élection de «l'hyper président»
Sarkozy à l'étranger. De quoi redonner confiance aux désabusés du
système français, du moins, l'espère-t-il sans doute. "
Bonjour,
Il est important que nos compatriotes de France comprennent bien que les "expats" au sens de "gros salaires" (selon l'expression de l'administration française "des détachés") ne constituent qu'une minorité de la communauté française à l'étranger. Au Japon, ils n'en représentent que moins de 15%.
Si la gratuite peut les favoriser, elle bénéficiera en premier lieu aux 85% restant.
Cette répartition des niveaux de salaire est un élément important pour bien comprendre les conditions de vie des différentes catégories socio-professionnelles de Français expatriés.
Rédigé par : Christian Bouthier | 03 janvier 2009 à 21:11