Longtemps promise et attendue, la gratuité des
établissements scolaires de l’étranger est depuis septembre dernier lancée. Le
président de la République a en effet tenu à ce que sa promesse soit appliquée
progressivement. Entretien avec Francis Nizet, élu à l’Assemblée des Français
de l’étranger
Tous les élèves sont-ils concernés par cette mesure ?
Les
élèves français des classes de terminale, qui ne sont ni boursiers ni pris en
charge par leurs entreprises, étaient cette année les heureux bénéficiaires. A
la rentrée, ce sera au tour des élèves des classes de première, et l’année
d’après à ceux des classes de seconde. En septembre 2009, l’ensemble du
secondaire sera donc pris en charge. A terme, la mesure devrait progresser
classe par classe pour rendre l’ensemble de l’école gratuite à l’étranger comme
elle l’est, pour les établissements publics en France.
Cette mesure, certes bien généreuse et équitable, ne coûte-t-elle
pas trop cher à un pays qui cherche à alléger ses dépenses publiques ?
Il
faut donner des chiffres : la gratuité pour l’ensemble du secondaire en 2009,
c’est 40 millions d’euros à rapprocher du budget total de l’enseignement
français à l’étranger qui avoisine les 800 millions d’euros, il s’agit donc
d’une augmentation de budget de quelques pour cent, ce qui n’est pas
exorbitant.
Pourquoi avoir commencé par les classes de terminales ?
Justement
pour des raisons budgétaires. Il y a moins d’élèves concernés que dans les
petites classes, ce qui permettait de lancer le dispositif plus facilement. Sur
70.000 élèves français scolarisés dans plus de 400 établissements, 4.000 sont
en classe terminales.
On sait tous que les écoles à l’étranger ont de gros problèmes
immobiliers, cette mesure ne risque-t-elle pas de contrarier tous ces projets ?
La
mesure de gratuité a été accompagnée d’une dotation supplémentaire au budget
alloué aux constructions de 8 millions d’euros. Cela ne suffit pas au regard
des besoins estimés à 200 millions d’euros sur plusieurs années mais c’est un
apport appréciable. Les entreprises sont appelées elles aussi à contribuer dans
des partenariats public-privé puisque les charges de scolarisation des enfants
de leur personnel pourraient être allégées.
Comment expliquer alors que cette mesure ait des détracteurs ?
Les
détracteurs sont certainement ceux, et tant mieux pour eux, qui n’ont jamais eu
à sortir plusieurs dizaines de milliers d’euros de leur poche chaque année pour
mettre leurs enfants à l’école. Ceux qui sont concernés, croyez-moi, ont
accueilli cette mesure avec enthousiasme. Signalons que les bourses
sociales n’ont pas été affectées et qu’on n’a pas déshabillé Pierre pour
habiller Paul, au contraire le budget des bourses a augmenté pour avoisiner les
50 millions d’euros. Quant aux élèves étrangers, qui représentent les deux
tiers des élèves, même s’ils ne sont pas concernés, ils n’ont jamais été
oubliés dans notre réseau puisque l’Etat, par sa dotation budgétaire, finance indirectement
leur scolarité à hauteur de 2.000 euros par élève.
Cette
mesure est une grande avancée pour les Français de l’étranger et devrait
faciliter une expatriation supplémentaire.
Propos recueillis
par Magali
DELIVET. (www.lepetitjournal.com/pekin.html)
jeudi 17 juillet 2008
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