La révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 a consacré le rôle du Parlement en matière de contrôle et d'évaluation des politiques publiques. En réservant une semaine de l'ordre du jour mensuel des assemblées aux travaux de contrôle et d'évaluation, le législateur constitutionnel invite les parlementaires à tirer les conséquences des rapports d'information publiés par les commissions. Tel est l'objet de la présente proposition de loi pour le renouveau de la culture française à l'étranger et la francophonie, qui tire les conclusions du rapport de contrôle de la commission des finances, mené en application de l'article 57 de la loi organique relative aux lois de finances, sur l'action culturelle à l'étranger. Ce rapport, publié au mois de septembre 2008, était intitulé : « Quelles réponses apporter à une diplomatie culturelle en crise ? ». La proposition de loi, qui aurait vocation à être examinée au titre de l'ordre du jour du Sénat réservé au contrôle, constitue une de ces réponses : elle est susceptible de produire une profonde rénovation des modes d'action en ce qui concerne la politique de rayonnement culturel. La France dispose du plus grand réseau culturel du monde : elle y déploie 144 instituts ; 220 alliances françaises sont par ailleurs dirigées par un agent de l'État expatrié. Quelque 255 autres alliances françaises bénéficient de financements de la part des postes diplomatiques. On recense ainsi 3,9 centres culturels ou alliances françaises par pays dans lequel la France a une ambassade. Et pourtant notre diplomatie culturelle est en crise, crise de sens, voire d'identité. Celle-ci résulte d'une confusion entre une culture au service de la diplomatie, dans la constitution d'une sorte de club informel des amis de la France, et une diplomatie au service de la culture, dans une démarche de soutien des artistes à l'international. Quelques chiffres sont têtus. Dans le domaine des arts plastiques, entre 2001 à 2005, aucun artiste français contemporain n'a bénéficié d'une exposition monographique au MOMA de New York, à la Tate Modern de Londres, au Stedeljik Museum d'Amsterdam ou à la Hamburger Bahnhof de Berlin, sur la quinzaine d'expositions monographiques dédiées, en moyenne, à des artistes contemporains étrangers par chacune de ces institutions. Le cinéma français est la « première cinématographie mondiale en termes de marché à l'export « après le cinéma américain, mais, traduite en chiffres, cette réalité signifie en Italie, par exemple, une part de marché de 2,9 %, contre 55 % aux États-Unis. Aux États-Unis-mêmes, le cinéma français représente 50 % des films étrangers, mais ces films ne constituaient en 2006 que 2 % du marché.