L'hommage du Sénateur Del Picchia qui l'a bien connu :
"Chers Amis de l'AFE, Guy PENNE nous a quitté. Comme on le dit pudiquement après avoir lutté contre une longue maladie. Il était un concurrent politique mais pas un adversaire.
Nous avions en commun l'intérêt des Français de l'étranger. Nous partagions une culture politique un peu particulière à l'écart nos engagements électoraux. Nos combats politiques se sont particulièrement rejoints lorsqu'il s'agissait de faire avancer le Conseil supérieur vers une assemblée des Français de l'étranger. Nous avons pratiqué cette "coalition", pas toujours comprise par tous, ni dans mon camp, ni dans le sien, mais efficace. Tout particulièrement lors de notre travail sur la réforme du CSFE. Réforme qui fût la base des évolutions et transformations du Conseil.
Une réforme difficile à faire accepter par le cabinet du ministre de l'époque. Je lui sais gré d'avoir été pleinement à mes côtés pour convaincre le cabinet de Monsieur Védrine, mais aussi les hauts fonctionnaires du Quai d'Orsay, de plusieurs projets que j'avais avancés. L'un me vient particulièrement à l'esprit. il s'agissait d'une proposition "révolutionnaire": donner à l'élu un pouvoir d'élu sur le terrain. Sur le principe de ce qui se passe dans les départements le projet était de faire présider les commissions consulaires ( bourses scolaires, CCPAS etc..) par un élu de la circonscription. Le Consul assurant le rôle du Préfet de métropole pour vérifier, contrôler et s'assurer que la loi était respectée. Cette vision pour l'avenir me paraissait justifier auprès des électeurs un vrai rôle d'élu et la reconnaissance des Français de la circonscription. Guy doutait de nos capacités à convaincre le quai d'Orsay. Nous avons eu toutefois de nombreuses rencontres avec les membres du cabinet, les hauts fonctionnaires, et avec le ministre.
Difficulté majeure: "obliger" le réseau des consuls à accepter ce changement et l'abandon d'une certaine souveraineté au profit des élus locaux, en qui le Quai avait peu confiance.Mais nous étions tenaces...
La capacité de notre "coalition" à convaincre dépassa nos espérances. Après plusieurs mois le Quai abandonnait ses objections et nous donnait le feu vert.Trop fiers de nous-mêmes, nous exposions notre " succès" aux membres de la commission temporaire de l'époque et nous faisions le "flop" de l'année. Les Délégués au CSFE de l'époque refusaient d'assumer ce pouvoir... pour des raisons que je n'ose répéter
aujourd'hui... "
Cet échec auprès de mes collègues me laissait un goût amer et la tentation de laisser tomber la réforme. En tête à tête autour d'un verre, Guy parvint à me convaincre. Optimistes indécrottables sur l'avenir des Français de l'étranger, après un temps de réflexion, nous repartîmes de plus belle vers d'autres propositions. Nous n'obtinrent pas tout mais nos deux rapports proposèrent de nombreuses pistes. Certaines furent réalisées immédiatement, puis d'autres plus tard. Certaines enfin donnèrent lieu à réflexion dans tous les groupes. Quelques années plus tard, je parvenais à faire aboutir par une proposition de loi la transformation du CSFE en AFE ou encore à faire adopter ma proposition de loi sur le vote Internet que j'avais abordé lors des travaux de la réforme mais qui avait été écarté car
trop futuriste... sans parler des députés des Français de l'étranger pour laquelle il fallu convaincre le candidat Nicolas Sarkozy. Comme Guy Penne l'avait fait à l'époque auprès du Président François Mitterrand pour l'élection des représentants des Français de l'étranger au suffrage universel direct par la loi de 82. Notre "coalition complice" avait ses limites électorales, mais fût empreinte de confiance partagée et même de collégiale amitié.Je salue aujourd'hui sa mémoire.A son fils Frédéric, à sa famille, à ses proches, à ses anciens collègues de l'AFE et du Sénat, j'adresse mes condoléances les plus sincères.
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