L’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger
(AEFE), opérateur public sous tutelle du ministère des Affaires étrangères et
Européennes, met en place la nouvelle « contribution » des
établissements scolaires visant notamment au remboursement de la part patronale
des cotisations de pensions civiles à partir du 1er janvier 2009.
Si le « parler vrai » est généralement
peu prisé, le « parler juste » s’impose pourtant dans les
circonstances. Quels objectifs recherche-t-on en avançant, entre autres, un
« principe de mutualisation » des ressources au sein d’un réseau dont
on sait bien, par expérience du terrain, que chaque établissement est autonome,
géré par des administrateurs locaux et pas toujours majoritairement français,
peu soucieux somme toute d’accompagner d’autres établissements, dans le même
pays d’accueil, et encore moins dans d’autres pays quelles qu’en soient les raisons.
Point par point l’argumentaire de la puissance
publique française peut être contesté, et il l’est déjà, par des établissements
qui sont dans l’obligation d’augmenter leurs ressources financières propres
pour satisfaire à une exigence gestionnaire décrétée unilatéralement de
l’extérieur.
Mon propos, Monsieur le Ministre, ne relève pas
d’une analyse critique. C’est celui d’un élu préoccupé des conséquences de
cette contribution forcée sur l’avenir d’une offre éducative française dont chacun
s’emploie à dire qu’elle est unique au monde, dans son étendue, sa diversité et
sa qualité pédagogique.
Cette contribution, en outre, arrive au moment où
la prise en charge des frais de scolarité pour les classes de lycée s’installe
progressivement. On ne pourra empêcher en maints endroits de faire l’amalgame
alors que ces deux mesures ne sont, entre elles, aucunement liées.
Le succès de
l’AEFE, paradoxalement, ne rencontre pas l’investissement matériel, financier
et humain, correspondant à une demande de scolarisation croissante et
régulière. Que faire ? Réduire la voilure ce qui semble de plus en plus
probable ou investir dans l’enseignement français à l’étranger, car –vous nous
l’avez dit et redit‑ c’est une « priorité nationale ».
Si l’État, et nous pouvons le comprendre, n’a plus
les moyens de ses ambitions, pourquoi ne pas envisager, comme c’est le cas pour
la réforme indispensable de l’enseignement supérieur en France, de puiser dans
des plus-values réalisées dans la vente ou la fusion d’entreprises nationales.
L’idée n’est pas plus absurde d’aider ainsi l’AEFE que d’aider les universités
françaises à affronter la concurrence internationale.
Dans une mondialisation non maîtrisée, l’influence,
le rayonnement culturel et économique des pays, et du nôtre en particulier,
sont sans commune mesure par rapport aux retombées diverses espérées.
Si, finalement, cette « priorité
nationale » n’est qu’une belle formule, mieux vaut alors, dans un souci de
bonne gouvernance des fonds publics, faire un état des lieux exact pour
optimiser des redéploiements financiers et humains inévitables.
Le 20 novembre prochain, le Conseil
d’Administration de l’AEFE se réunira pour l’approbation de cette
« contribution » dans le cadre de l’adoption du budget initial 2009.
Il est encore temps pour votre ministère de tutelle d’adapter raisonnablement
cette mesure dommageable, en dernière analyse, aux familles françaises.
Celles-ci ne peuvent plus, en amont du lycée, scolariser leurs enfants dans des
conditions financières acceptables. Mais dommageables également pour le Trésor
public qui verra augmenter les bourses scolaires et la prise en charge des
frais de scolarité dans les classes terminales.
Je vous remercie de votre compréhension et soutien,
considérant que les temps difficiles que nous vivons ne peuvent altérer notre
volonté de nous maintenir à l’international en continuant à offrir une
prestation de services éducatifs à la hauteur des attentes individualisées sur
place et en conformité avec l’image positive de
la France
en la matière.
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Ministre,
l’assurance de ma considération distinguée.
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