Voir note du 13 août sur ce blog.
Je me permets de régir à votre article non sur le
fond (vous trouverez en moi comme en de nombreux élus à l’Assemblée des
Français de l’Etranger, un fervent défenseur de cette mesure d’équité) mais sur
les chiffres qui y sont fournis.
On peut en effet lire : « Assurer la
gratuité des frais de scolarité à l'étranger coûtera à l'Etat 713 millions
d'euros par an, d'ici à dix ans, quand elle aura été appliquée jusqu'aux
classes de CP ». Vous me permettrez de trouver ce chiffre excessif pour ne
pas dire extravagant. La gratuité en classe de terminales aura coûté pour
l’année écoulée 6,7 millions d’euros c'est-à-dire bien moins que ce qui avait
été budgété. Avec l’arrivée de la gratuité pour les classes de première pour l’année
qui s’ouvre, il est prévu une dépense de 14,5 millions d’euros.
L’Etat verse 320 millions d’euros à l’Agence pour
l’Enseignement Français à l’Etranger ce qui représente 40 % du budget global du
dispositif le reste étant essentiellement fourni par les parents, à hauteur de
480 millions d’euros pour un total donc de 800 millions d’euros. La prise en
charge ne concernant que les élèves français représentant un tiers des
effectifs, il est facile de voir que celle-ci coûterait un tiers de 480 soit
160 millions au maximum. Or ne sont concernés que les élèves non boursiers et
dont les écolages ne sont pas pris en charge par les entreprises et scolarisés
après la maternelle (niveau qui compte une proportion importante de nos
élèves). Le coût de la prise en charge devrait à terme avoisiner 100 millions
d’euros soit une augmentation de 30 % de la contribution de l’Etat. Nous sommes
bien loin du chiffre avancé dans l’article.
Vous poursuivez en citant le Ministre des affaires
étrangères ayant expliqué avoir "beaucoup de mal à convaincre"
M. Sarkozy des "inconvénients" de la gratuité, notamment de la
différence de traitement entre les Français en bénéficiant et les "locaux",
et la quasi-disparition du système des bourses.
Les « locaux », c'est-à-dire les élèves
étrangers, représentent deux tiers des élèves de l’AEFE et la contribution de
l’Etat précédemment citée de 320 millions finance donc également la
scolarisation de ces 100 000 élèves étrangers à hauteur de 2000 euros par élève. C’est comme si chaque
élève étranger scolarisé dans notre système recevait une bourse de 2000 euros.
Ces élèves sont pourtant souvent les enfants des élites argentées de leur pays.
Quant à la disparition des bourses sociales, elles
représentaient cette année une cinquantaine de millions d’euros en constante
progression d’année en année. Elles n’ont en rien disparu !
A Pékin, où je réside 50 % des parents d’élèves ne
bénéficiaient ni de bourses ni de prise en charge de la part de leur entreprise
pour la scolarisation de leur enfant au Lycée Français. Il leur en coûtait 9000
euros. Peu se sont plaint de la mise en place de la gratuité en classe de
terminale cette année !
A Wuhan, les frais avoisinent les 20 000
euros !
Les Cassandre qui s’amusent à décrire le péril comptable de cette mesure sont surtout animés de considérations partisanes.
Télécharger l'article du Canard Enchaîné.
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