M. Adrien Gouteyron (UMP, Haute-Loire), rapporteur spécial de la mission
« Action extérieure de l'Etat », au nom de la commission des
finances, présidée par M.Jean Arthuis (UC-UDF, Mayenne), propose, dans un
rapport sur la politique de « rayonnement culturel », une meilleure utilisation du milliard d'euros
consacré à la promotion de la culture française à l'étranger, qui
s'ajoute au budget du ministère de la culture en faveur de la création.
Sur
ce milliard d'euros géré par différents ministères, 35 % sont consacrés au réseau culturel à l'étranger, 21 % à
l'audiovisuel extérieur et 21 % aux échanges scientifiques et universitaires. La
France compte le plus grand réseau culturel au monde, avec 3,9 centres culturels ou alliances
françaises, financés sur fonds publics, par pays où la
France est représentée. L'effort français est conséquent : par comparaison,
l'Allemagne consacre en 2008 à l'action culturelle, un budget de
680 millions d'euros, dont 180 pour les instituts Goethe. Or sa valeur ajoutée est mal évaluée,
dans un contexte où la culture
française enregistre à l'étranger des
résultats nuancés. Faute d'indicateurs, face à l'internationalisation
croissante des institutions muséales françaises, des universités et des
industries culturelles, le réseau à l'étranger apparaît moins comme acteur que
comme spectateur.
M.Adrien Gouteyron
souhaite donc revoir le
« Yalta », qui remonte à l'époque d'André Malraux : au ministère de la culture, la culture en
France, au Quai d'Orsay la culture à l'étranger. La politique culturelle
à l'étranger ne peut plus être une politique autonome, une variante de notre
diplomatie, mais doit être une partie
intégrante de notre politique de soutien à la création et à la diffusion
culturelles. Ceci nécessite, d'une part, une implication accrue du
ministère de la culture, qui doit
définir une stratégie dans ce domaine et la décliner dans les contrats de performance qu'il signe avec les
institutions culturelles, et d'autre part, un devoir de subsidiarité du ministère des affaires étrangères qui
vaut aussi vis-à-vis du ministère de l'enseignement supérieur, et des
structures d'appui à l'export qu'ont développées les industries culturelles
(Bureau export de la musique, Unifrance...). La mise en œuvre des stratégies
définies par les ministères de la culture et de l'enseignement supérieur
devrait reposer davantage sur des agences
paritaires : CulturesFrance et CampusFrance. Le Quai d'Orsay y
garderait une place en termes de conseil et d'accompagnement.
M.Adrien Gouteyron
invite à s'interroger, en outre, sur la pertinence
du modèle du « centre culturel » qui n'apparaît plus convaincant en
Europe et dans les pays de l'OCDE. Les centres culturels français à
l'étranger, sauf dans les pays d'Afrique, n'ont plus la masse critique face aux institutions culturelles locales
et rayonnent peu en-dehors du
premier cercle des « amoureux de la
France».
Il faut donc concevoir les programmations
culturelles systématiquement
« hors les murs » et transférer les budgets dans des
partenariats montés par les institutions des pays d'accueil, en relation avec
nos artistes en France. C'est dans ses lieux culturels habituels que le public
étranger doit trouver les artistes et les intellectuels français. Le
« conseiller culturel » conserve toute son utilité pour accompagner
l'internationalisation de nos institutions culturelles : moins de centres
culturels peut-être, mais plus de présence culturelle.
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