Cette année, le lieu choisi pour célébrer le 14
juillet à Pékin fait partie des nouveaux spots hype de la capitale, le centre
d’art contemporain de la photographie, spacieuse galerie aux murs de béton
agrémentée d’un petit jardin et perdue en banlieue. Ambiance chic entre robes
de soirée, verres de champagne, notes de piano et lumière tamisée projetée par
des lanternes bleu blanc rouge.
Ce soir, 500 Français, dont 100 invités, ont payé
leur écot de 100 yuans (10€) pour célébrer la fête nationale. Sur les murs
blancs, une exposition de jeunes photographes chinois attire moins que le
buffet concocté par les cuisiniers de l’hôtel Novotel Peace. Le 14 juillet 2008
sera moins «pop» que l’an dernier, où la bière coulait à flots dans la cour de
l’école française.
Fini les petits fours gratuits
«La faute aux coupes claires dans le budget du
ministère des Affaires étrangères», explique Emmanuel, diplomate. Résultat, les
petits fours gratuits de M. l’ambassadeur ont disparu. C’est la Chambre de
commerce qui a pris le relais comme maître des cérémonies. «C’est honteux, se
plaint Geneviève, en Chine depuis 10 ans et habillée aux couleurs du drapeau.
Le 14 juillet doit être populaire, mais pas élitiste. Encore un coup de Sarko!
Si je suis là c’est uniquement pour voir qui a eu la chance d’être invité». Si
l’endroit des réjouissances est si loin du centre-ville, c’est que, selon elle,
l’ambassade a voulu faire bonne figure devant le gouvernement chinois. «En
organisant un bal pop en plein centre-ville, ils auraient fait trop de bruit.»
Un gala d’HEC
De fait le bruit du concert aura peu de chances de
rameuter la police. Entre les murs épais de l’enceinte, EDF serre la main à
France Télécom, qui serre la main à Peugeot en passant par Alstom et Veolia.
«J’ai l’impression d’être à un gala de HEC», confie Thomas, venu en jean et
tee-shirt. «Je ne suis pas choqué que cela soit payant car il y a beaucoup de
Français à Pékin. Et si c’est loin, c’est sans doute parce que les Chinois
interdisent les rassemblements cette année à cause des JO». Reste que la
qualité du buffet a de quoi ravir les papilles et les Chinois présents sont les
premiers à sauter sur les rillettes, qui fondent dans la bouche, ou le fromage.
Pour Lionel, 25 ans, les restrictions budgétaires pour la fête nationale ne
sont pourtant pas acceptables. «On perd la face devant les Chinois en leur
montrant que nous n’avons pas d’argent pour organiser notre propre fête
nationale». Pourtant, quand le concert rock commence, une expat en talons
aiguilles se met à danser, en sautant. Et quand l’ambassadeur arrive,
l’assemblée entonne la Marseillaise, en cœur.
De la correspondante à Pékin, Hélène Duvigneau
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