Monsieur l’Ambassadeur,
J’ai l’honneur
par ce courrier de vous faire part de mes modestes réflexions concernant le
projet de construction du futur Lycée Français de Pékin.
Depuis cinq années
au moins, ce projet est à l’étude de la manière la plus sérieuse et a mobilisé
le concours actif de l’Associations des Parents d’Elèves précédemment
gestionnaire de l’Etablissement, des services de l’Ambassade de France, du
Ministère des Affaires Etrangères et de l’Agence pour l’Enseignement Français à
l’Etranger. Depuis le passage en gestion directe, voilà déjà deux ans, ces
efforts ont redoublé d’intensité devant la progression importante des effectifs
scolaires. Parallèlement, le nécessaire changement de statut du Lycée au regard
de la réglementation chinoise a été conduit avec succès permettant ainsi de se
donner les moyens juridiques d’entreprendre et de négocier ce projet
d’importance.
L’approche
délibérément pragmatique des services culturels de votre Ambassade en charge du
dossier a permis d’explorer avec grande efficacité de nombreuses pistes,
d’analyser différents montages possibles et de visiter de nombreux sites. Le
Président de la République lors de sa visite d’Etat en Chine en novembre dernier
et les plus hautes autorités de l’Etat ont signifié l’intérêt particulier
qu’ils accordaient à la finalisation effective de ce chantier. Un objectif de
rentrée dans de nouveaux locaux, commandé par le déménagement simultané de
l’Ambassade de France, a été fixé à septembre 2010 soit dans un peu plus de
deux années.
Il me semble
désormais souhaitable qu’une commission ou un groupe de travail composé de
représentants de l’Administration, de la communauté scolaire et des élus de la
République fasse le point sur les différentes pistes ou projets réalistes qui
ont pu être retenus pendant cette première phase d’exploration. Le Sénateur
Robert Denis Del Picchia, Sénateur des Français établis hors de France
représentant le Sénat au Conseil d’Administration de l’AEFE est intervenu très
récemment dans ce sens auprès de Madame La Directrice de l’Agence pour lui
signifier que cette démarche lui semble également devenir désirable. Son
courrier figure en annexe. Les professionnels reconnus de la construction
immobilière à Pékin estiment le délai nécessaire pour le recueil des
autorisations et de la construction proprement dite à au moins 17 mois dans
l’hypothèse la plus favorable et sans complications, soit l’équivalent d’une
année et demie. Du côté de la partie française, le choix de l’option retenue,
la mise en œuvre de la décision, la préparation juridique permettant
l’engagement de construction et la mise en place du plan de financement
devraient demander au moins une demi-année en sus et au bas mot. Le temps est donc
désormais compté. D’autre part, la parité RMB-Euros très favorable, la
progression récente et jamais connue de l’inflation en Chine, l’instabilité
juridique en ce qui concerne les réglementations dans le domaine des
investissements immobiliers et de l’offre éducative commandent d’agir vite et
de profiter des opportunités qui se présentent en abandonnant les pistes qui se
sont révélées inopérantes.
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A ce sujet, la
formule de partenariat public-privé mieux connu sous l’acronyme PPP qui avait
été explorée depuis plusieurs années par les grandes sociétés françaises de
construction semble, au regard des informations dont je dispose, devoir être
abandonnée et est effectivement abandonnée par l’AEFE. Aucun établissement
scolaire du réseau de part le monde, y compris celui du Caire, n’a pu être
construit selon ce principe.La mise en
place d’une fondation nationale ou d’une fondation locale recueillant les
contributions, en particulier des entreprises implantées localement, au titre
du mécénat fait partie des recommandations du rapport de 2004 du Sénateur André
Ferrand intitulé « financements de l’enseignement français à
l’étranger » et discutée en ce moment, entre autres sujets, par la
commission sur l’avenir de l’enseignement français à l’étranger qui tient des
réunions régulières à Paris sous la Présidence de M. Yves Aubin de La MESSUZIERE, commission qui
doit préparer la tenue des Etats Généraux de l’Education en 2009. La création
hypothétique d’une telle fondation nationale, devrait de toute façon prendre plusieurs
mois sinon années. Une fondation locale certainement tout autant. J’émets
d’ailleurs de fortes réserves sur la possibilité de lever localement et en un
temps acceptable la dizaine de millions d’euros, et plus, nécessaires pour
compléter nos disponibilités financières et parachever notre plan de
financement. La générosité des donateurs pouvant d’ailleurs ne pas être si
leste pour un établissement en gestion directe que pour un établissement en
gestion parentale. Quant aux dons en nature de la part des entreprises, même si
l’idée est agréable, elle me semble très difficile à mettre en œuvre
techniquement.
Compte tenu de
nos faibles capacités de financement, de la complexité du contexte juridique et
réglementaire chinois, du coût exorbitant du foncier, de la difficulté de
trouver des sites éligibles en zonage éducatif et du temps qui nous reste
imparti, il m’apparaît que la piste la plus prometteuse et réaliste doive être
recherchée dans la location d’un établissement construit par un développeur prenant
à son compte et à sa charge l’achat du terrain, la construction aux normes et
selon les désirs de la partie française et offrant l’établissement clés en main
pour un bail de longue durée (plusieurs dizaines d’années). Cette formule bien
négociée devrait être celle qui devrait permettre de contenir au mieux
l’augmentation des frais d’écolages et donc la plus acceptable pour les parents
d’élèves. Un argument comme la possibilité d’utiliser la trésorerie importante
du lycée pour payer plusieurs années de loyer d’avance devrait permettre
d’obtenir des faveurs importantes de la partie chinoise. Si un projet dans ce
cadre recueillait l’assentiment, il
resterait alors à trouver un moyen juridique de contractualiser un engagement
avec le développeur. Une telle formule peut être mise en place à Pékin et
l’équipe que j’ai formée a identifié un site répondant au cahier des charges et
que vos services ont déjà visité : une première estimation de la valeur du
bail semble très acceptable. D’autres projets du même ordre ont certainement
déjà été identifiés par vos services. Il conviendrait désormais de les
confronter pour en évaluer les mérites respectifs.
Ce pourrait
être la mission de cette commission dont j’appelle de mes voeux la création à
Pékin. Ce groupe de travail pourrait d’ailleurs rentrer dans le cadre de la
réévaluation du plan enseignement Chine, plan glissant trisannuel, qui se doit
d’être réajusté chaque année. La commission des Affaires Culturelles et de
l’Enseignement, à laquelle j’appartiens au sein de l’Assemblée des Français de
l’Etranger, a d’ailleurs voté lors de la session plénière de mars, une
résolution pour la remise en chantier de ces plans enseignement dans chaque
pays.
Il serait
ainsi bien heureux de proposer alors à l’approbation du Président de la
République, dont la visite est annoncée pour l’ouverture des Jeux Olympiques en
août prochain, un projet définitif.
En vous
remerciant pour votre écoute et votre attention, je vous prie d’agréer,
Monsieur l’Ambassadeur, l’expression de ma très haute considération.
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