Le célèbre blog "Rue 89" créé par Pierre Haski, ancien journaliste bien connu et correspondant du journal "Libération" à Pékin, commente la lettre que j'ai écrite à Bernard Kouchner :
"Aux armes citoyens! Formez vos bataillons!
L'aristo Kouchner retranché dans son palais, veut s'en prendre aux symboles de
la patrie! Que prépare-t-il donc en douce? Une réduction du nombre des invités dans
les ambassades lors des réceptions du 14 juillet… "La France est-elle si
en déclin pour en venir à prendre ce type de décision?" se demande un de
nos riverains, qui nous a signalé l'information?Deux lettres circulent sous le
e-manteau des expatriés, franchissant les océans de boîte mail en boîte mail.La
première datée du 5 mai, est signée par le Sénateur Del Picchia qui représente
les Français établis hors de France: "Il est demandé aux chefs de postes
de réduire le nombre de leurs invités et de le limiter aux personnalités
représentatives de la communauté. Si nous ne pouvons qu’approuver les mesures
d’économies budgétaires dans le contexte actuel, le choix de la réception du 14
juillet pour les appliquer me paraît difficilement réalisable et pas du tout
opportun."Pourquoi ne serait-ce pas opportun? Parce que cela va créer des
fâcheries épouvantables dans les différents landernaux des expat': "les
chefs de postes auraient beaucoup de difficultés à sélectionner les personnes
représentatives de la communauté française en étant certains de discriminer une
grande partie de nos compatriotes et d’être fortement critiqués pour leurs
choix." Pour avoir vécu quelques années avec un pied dans l'un de ces
landerneaux (celui de Washington), j'imagine en effet assez bien ce que serait
leur calvaire. Le sénateur n'hésite pas à recourir à des mots forts: "discrimination",
"exclusion". Et il propose des solutions.
Solution numéro 1: "Un élu
des Français de l’étranger suggère par exemple d’offrir un buffet plus simple
et moins coûteux." Cela me semble une remarque frappée au coin du bon
sens. A Washington, quelques hamburgers ou saucisses sur le barbecue de
l'ambassadeur, accompagnés de rochers Ferrero, feraient l'affaire.
Solution numéro 2: "Une
autre solution serait d’autoriser les chefs de postes à faire sponsoriser la
réception par des sociétés françaises."Le fameux PPP (partenariat publics
privé), donc. Les marques de champagne ou de saumon fumé pourraient alors
afficher leurs logos sur les tapisseries de l'ambassade? Le sénateur ne va pas
jusque-là, mais évoque quand même un espace publicitaire idéal:
"A notre époque, en effet, rien ne s’oppose
plus à ce que les cartons d’invitation fassent état d’un soutien d’une ou
plusieurs sociétés françaises opérant dans le pays."Dans la seconde
lettre, datée du 6 mai, le conseiller à l’Assemblée des Français de l’étranger
pour l’Asie du Nord, Francis Nizet, développe les même arguments dans un style
plus fleuri (on dirait presque du Villepin). L'objet de sa lettre au chef de la
diplomatie Bernard Kouchner ne manque pas de hardiesse: "Touchez pas à mon
14 juillet" (notez quand même le vouvoiement respectueux); la conclusion
est grande: "Les Français de l’étranger (…) ont droit à leur 14 juillet,
on ne doit pas le leur retirer. Parce qu’ils sont attachés à leur devoir de
réserve à l’étranger et parce qu’ils n’ont pas la possibilité de battre le pavé
place de la Bastille, ils ne viendront pas au Quai d’Orsay vous réclamer 'le
boulanger, la boulangère et le petit mitron'. Ils veulent simplement, ce jour
là, qu’on leur laisse le pain, le fromage et le bon vin pour célébrer, comme à
l’habitude, leur République. Qu’ils soient ainsi entendus!"Une telle
lettre ne mériterait-elle pas d'être chantée sur l'air de la Carmagnole ?"
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