Francis Nizet, Conseiller à l’Assemblée des Français de l’Etranger, élu pour l’Asie du Nord, voit cette réforme comme un « coup dur pour la défense des intérêts des Français de l'étranger ».
Alors même que leur nombre croît d'années en années et que leur situation sociale et professionnelle se précarise globalement, alors que le réseau consulaire, restrictions budgétaires obligent, ne cesse de rétrécir comme peau de chagrin tant en implantations effectives, qu'en offre de services (ne va-t-on pas bientôt priver les consulats de leur mission notariale ?), le gouvernement décide d'amputer gravement la représentation politique des Français de l'Etranger qui défendent au jour le jour la place de la France dans un monde globalisé et compétitif avec lequel notre pays présente un déficit commercial de 70 milliards d'euros. Il y a un total décalage dans le discours des membres de l'exécutif, de droite comme de gauche, entre les louanges faites aux "merveilleux ambassadeurs" de notre pays que sont les Français de l'étranger et la réalité des réformes qui sont proposées.
Pour l’élu de la zone Asie du Nord, cette réforme diluera encore plus la visibilité et le pouvoir des Conseillers à l'AFE qui sont sur le terrain les seuls élus à compléter ou à contre balancer l'administration des consulats.
C’est dans ce contexte que Francis Nizet propose certaines modifications du texte. Pour ce dernier, cette réforme conduit, comme très souvent dans notre République, à une « usine à gaz sans nom ». Les Conseillers seront désormais élus au suffrage universel indirect et ne se réuniront plus que 2 fois par an à Paris au lieu de 4. Les commissions spécialisées pourraient disparaître, il est mis ainsi fin à soixante ans de construction patiente de ce qui était la quatrième assemblée de la République qui ne coûte que 3 millions d'euros à l'Etat et à son expertise très fine de la vie des Français de l'étranger. Cette réforme marque une totale absence d'ambition politique, il aurait suffi de doubler le nombre de Conseillers pour réaliser un meilleur maillage représentatif et augmenter le collège électoral des sénateurs des Français de l'étranger puisque ce sont les prétendus objectifs de celle-ci. Cela aurait coûté 2 millions d'euros en plus. Ridicule somme aux regards des immenses gisements d'économies que l'on peut réaliser dans nombre de domaines en se penchant réellement, avec de la volonté politique nécessaire, sur les « 700 zinzins de la République », ses 1000 agences, sur les financements associatifs de complaisance, le mille-feuille électoral...
Le gouvernement a fait mine de solliciter l'avis de l'AFE en septembre mais n'en a absolument pas tenu compte pas plus qu'il n'a tenu compte de la fronde des élus, toute tendance confondue, en décembre. « On assiste à un double discours, on nous prépare une réforme d'épiciers sans ambition », a déclaré Francis Nizet afin de conclure sur le sujet.
Ainsi, il est apparu évidemment à l’élu pour l’Asie du Nord de saisir le Sénateur Del Picchia, Vice-Président de la Commission des Affaires Etrangères et inspirateur de la réforme de l'AFE en 2004, qui avait donné à l’assemblée un autre relief. Le Sénateur Del Picchia envisage de déposer de nombreux amendements. « Pour ma part, je mêlerai ma voix au mécontentement qui sera adressé au Ministre lors de la présentation du texte de loi début mars lors de la session de l'AFE », a conclu Francis Nizet non sans une pointe d’énervement.
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