Son discours du 6 mai 2007, le soir de son élection :
Mes chers compatriotes,
En m’adressant à vous ce soir, dans ce moment qui
est, chacun le comprend, exceptionnel dans la vie d’un homme, je ressens une
immense émotion.J’éprouve depuis mon plus jeune âge la fierté indicible
d’appartenir à une grande, vieille et belle nation, la France. Je l’aime comme
on aime les êtres chers qui nous ont tout donné. Maintenant c’est à mon tour de
tout lui donner.Ce soir ma pensée va aux millions de Français qui aujourd’hui
m’ont témoigné leur confiance. Je veux leur dire qu’ils m’ont fait le plus
grand honneur qui soit à mes yeux en me jugeant. digne de présider aux
destinées de la France.Ma pensée va à tous ceux qui m’ont accompagné dans cette
campagne. Je veux leur dire ma gratitude et mon affection.Ma pensée va à Madame
Royal. Je veux lui dire que j’ai du respect pour elle et pour ses idées dans
lesquelles tant de Français se sont reconnus.Ma pensée va à tous les Français
qui n’ont pas voté pour moi. Je veux leur dire que par-delà le combat
politique, par-delà les divergences d’opinions, il n’y a pour moi qu’une seule
France.
Je veux leur dire que je serai le Président de tous les Français, que je
parlerai pour chacun d’entre eux. Je veux leur dire que ce soir, ce n’est pas
la victoire d’une France contre une autre. Il n’y a pour moi ce soir qu’une
seule victoire, celle de la démocratie, celle des valeurs qui nous unissent,
celle de l’idéal qui nous rassemble. Ma priorité sera de tout mettre en œuvre
pour que les Français aient toujours envie de se parler, de se comprendre, de
travailler ensemble.
Le peuple français s’est exprimé. Il a choisi de
rompre avec les idées, les habitudes et les comportements du passé. Je veux
réhabiliter le travail, l’autorité, la morale, le respect, le mérite. Je veux
remettre à l’honneur la nation et l’identité nationale. Je veux rendre aux
Français la fierté d’être Français. Je veux en finir avec la repentance qui est
une forme de haine de soi, et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine
des autres.
Le peuple français a choisi le changement. Ce
changement je le mettrai en œuvre parce que c’est le mandat que j’ai reçu du
peuple et parce que la France en a besoin. Mais je le ferai avec tous les
Français. Je le ferai dans un esprit d’union et de fraternité. Je le ferai sans
que personne n’ait le sentiment d’être exclu, d’être laissé pour compte. Je le
ferai avec la volonté que chacun puisse trouver sa place dans notre République,
que chacun s’y sente reconnu et respecté dans sa dignité de citoyen et dans sa
dignité d’homme. Tous ceux que la vie a brisés, ceux que la vie a usés doivent
savoir qu’ils ne seront pas abandonnés, qu’ils seront aidés, qu’ils seront
secourus. Ceux qui ont le sentiment que quoi qu’ils fassent ils ne pourront pas
s’en sortir doivent être sûrs qu’ils ne seront pas laissés de côté et qu’ils
auront les mêmes chances que les autres.
J’appelle tous les Français par-delà leurs partis,
leurs croyances, leurs origines, à s’unir à moi pour que la France se remette
en mouvement.
J’appelle chacun à ne pas se laisser enfermer dans
l’intolérance et dans le sectarisme, mais à s’ouvrir aux autres, à ceux qui ont
des idées différentes, à ceux qui ont d’autres convictions.
Je veux lancer un appel à nos partenaires européens, auxquels notre destin est
lié, pour leur dire que toute ma vie j’ai été européen, que je crois en la
construction européenne et que ce soir la France est de retour en Europe. Mais
je les conjure d’entendre la voix des peuples qui veulent être protégés. Je les
conjure de ne pas rester sourds à la colère des peuples qui perçoivent l’Union
Européenne non comme une protection mais comme le cheval de Troie de toutes les
menaces que portent en elles les transformations du monde.
Je veux lancer un appel à nos amis Américains pour
leur dire qu’ils peuvent compter sur notre amitié qui s’est forgée dans les
tragédies de l’Histoire que nous avons affrontées ensemble. Je veux leur dire
que la France sera toujours à leurs côtés quand ils auront besoin d’elle. Mais
je veux leur dire aussi que l’amitié c’est accepter que ses amis puissent
penser différemment, et qu’une grande nation comme les Etats-Unis a le devoir
de ne pas faire obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique, mais au
contraire d’en prendre la tête parce que ce qui est en jeu c’est le sort de
l’humanité tout entière.
Je veux lancer un appel à tous les peuples de la
Méditerranée pour leur dire que c’est en Méditerranée que tout se joue, et que
nous devons surmonter toutes les haines pour laisser la place à un grand rêve
de paix et de civilisation. Je veux leur dire que le temps est venu de bâtir
ensemble une Union Méditerranéenne qui sera un trait d’union entre l’Europe et
l’Afrique.
Je veux lancer à tous les Africains un appel
fraternel pour leur dire que nous voulons les aider à vaincre la maladie, la
famine et la pauvreté et à vivre en paix. Je veux leur dire que nous déciderons
ensemble d’une politique d’immigration maîtrisée et d’une politique de
développement ambitieuse.
Je veux lancer un appel à tous ceux qui dans le monde croient aux valeurs de
tolérance, de liberté, de démocratie et d’humanisme, à tous ceux qui sont
persécutés par les tyrannies et par les dictatures, à tous les enfants et à
toutes les femmes martyrisés dans le monde pour leur dire que la France sera à
leurs côtés, qu’ils peuvent compter sur elle.
Mes chers compatriotes, nous allons écrire ensemble
une nouvelle page de notre histoire. Je suis sûr qu’elle sera grande et belle,
et du fond du cœur ce soir je vous dis :
Vive la République !
Vive la France !
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