Au cours de sa réunion du mercredi 10 octobre 2006, la commission des finances du Sénat, présidée par M. Jean Arthuis (UC-UDF, Mayenne), a entendu la communication de M. Adrien Gouteyron (UMP, Haute-Loire), rapporteur spécial des crédits de la mission « Action extérieure de l'Etat », sur l'audit, qu'il a mené « en ligne », relatif à la gestion des sites internet des ambassades et consulats, en application de l'article 57 de la LOLF. L 'audit, portant sur 62 pays dans lesquels la France est présente, souligne les acquis indéniables du Quai d'Orsay en matière d'internet.
M. Adrien Gouteyron appelle toutefois le ministère à ne pas prendre de retard dans le développement des nouvelles formules de présence à l'étranger que sont les « postes de présence virtuels », c'est-à-dire non liés à l'implantation physique d'un consulat ou d'une ambassade. Consciente qu'il n'est pas possible, sauf explosion des coûts, d'être présent physiquement dans les 350 villes de plus d'un million d'habitants que compte le monde aujourd'hui, la diplomatie américaine développe ainsi des « consulats virtuels » : au nombre de 33 aujourd'hui, ils seront 20 de plus dans un an. Ces « postes de présence virtuels » pourraient effectuer 50 % des tâches des consulats traditionnels, pour un coût de lancement de l'ordre de 10.000 dollars.
M. Adrien Gouteyron souhaite que la gamme des outils de la présence française à l'étranger soit élargie, afin de dépasser l'alternative difficile « ouverture ou fermeture d'un consulat général ». Il propose de choisir, pour chaque grande ville d'un pays étranger, selon les besoins et les moyens, entre les formules du consulat général, du consulat d'influence (dit aussi à gestion allégée), du consulat mixte (qui cumule les fonctions de chef de mission économique et de consul général), du « consulat virtuel » et du consulat honoraire. Il regrette la timidité du Quai d'Orsay dans le développement de formules de présence alternative à celle du consulat général : on dénombre ainsi aujourd'hui seulement 13 consulats d'influence, 4 consulats mixtes, et aucun « poste de présence virtuel ».
Ceci suppose une dynamique nouvelle du Quai d'Orsay sur internet. Les sites actuels des ambassades sont encore trop tournés vers l'internaute français : seuls 56 % des sites étudiés disposent d'une version traduite dans la langue locale. L'actualité économique n'est présente « en une » que de manière exceptionnelle : le cloisonnement administratif entre ambassades et missions économiques a sa traduction sur internet. Enfin, les sites internet sont utilisés de manière très inégale pendant les crises. Leur utilisation est systématique pour l'information des ressortissants français ; en revanche, dans le cadre d'une « crise » des relations diplomatiques, la mise en ligne d'argumentaires ou d'éléments de langage est rare.
Le développement des « postes de présence virtuelle » nécessitera en conséquence l'amélioration du « réflexe internet » des agents du Quai d'Orsay et le développement de services électroniques, qui devront faire l'objet d'une évaluation coût/avantages systématique, comme par exemple s'agissant des élections électroniques à l'Assemblée des Français de l'Etranger (AFE).